Prévention primaire des radicalisations, de quoi parle t-on ?

On distingue généralement 3 types de prévention :

  • la prévention primaire qui intervient en amont et s’adresse au plus grand nombre. Elle relève des actions confortant l’éducation, la cohésion sociale et le lien social ;
  • la prévention secondaire qui permet un accompagnement individualisé dans la durée en direction des personnes repérées comme en voie ou en situation de radicalisation.
  • la prévention tertiaire qui concerne la lutte contre la récidive et rentre dans le périmètre d’actions de l’autorité judiciaire.

En ce qui concerne les phénomènes de radicalisation, force est de constater le peu de « littérature » sur la seule question de la prévention primaire. Car d’une part, le sujet est récent ; et d’autre part, la notion de radicalisation est polysémique voire parfois un peu confuse…

Dans ces conditions, le réseau départemental a souhaité construire une approche de cette nouvelle forme de prévention à partir des trois principes suivants :

PARTIR DES RÉFÉRENCES COMMUNES

La notion de radicalisation est difficile à définir. En premier lieu parce qu’elle voisine avec d’autres expressions assez proches d’un point de vue sémantique : radicalité, intolérance, fanatisme, extrémisme, violence, terrorisme… Et d’autre part, parce qu’elle « met en jeu les frontières du légitime et de l’illégitime, du tolérable et de l’intolérable » dans différents types de phénomènes de violences sociales.

Dans son livre « Radicalisation » publié en décembre 2014, Farhad Khosrokhavar définit la radicalisation comme « un processus par lequel un individu ou un groupe adopte une forme violente d’action, directement en lien avec une idéologie extrémiste à contenu politique, social ou religieux ».

Ainsi entendue, la radicalisation est un continuum dans lequel radicalisme, extrémisme et terrorisme représentent les différents stades d’un seul processus :

  • Le radicalisme étant l’adhésion à une idéologie ou une religion prônant « une rupture radicale avec le présent institutionnel » ;
  • l’extrémisme étant « la volonté d’accepter le recours à la violence, sans pour autant passer à l’exercice de la violence » ;
  • le terrorisme étant le recours à un ensemble de « comportements violents » pour atteindre un but précis ».

La prévention primaire concerne avant tout radicalisme puisqu’elle s’adresse au « grand » public.

CONSTRUIRE UN OBJET DE PRÉVENTION PLURIEL(« les radicalisations »)

Les événements terroristes survenus sur notre territoire ces dernières années et le contenu des politiques publiques qui ont été mises en œuvre pour répondre à cette menace, ont largement contribué au fait de focaliser la notion de radicalisation sur la seule mouvance islamiste.

Si le sentiment de nouveauté de la radicalisation est alors souvent « prégnant », de nombreux travaux d’historiens montrent toutefois l’existence de groupes radicaux à différentes périodes de notre histoire. Et plus récemment, chacun trouvera dans l’actualité des formes de violence exercées au nom d’une cause politique, religieuse voire anti-démocratique.

Aussi, et sans être dans le déni du problème posé par l’islam politique dans notre pays, le groupe s’est attaché à travailler sur une approche ouverte, plurielle et non stigmatisante de la radicalisation au regard de dispositifs et de projets qui contribuent à la promotion de «  la laïcité et du vivre-ensemble », de l’éducation à l’esprit critique, des bons usages du numérique, de l’interculturel et de la lutte contre les discriminations.

S’APPUYER SUR LES DYNAMIQUES TERRITORIALES

En matière de prévention, on sait aujourd’hui l’importance de développer des approches à caractère transversales  et participatives.

De fait, les actions qui obtiennent des résultats sont celles qui d’une part, s’appuient sur des besoins exprimés par des acteurs de terrain ou par les publics eux-mêmes  (la dimension participative) ; et d’autre part, celles qui réussissent à croiser les compétences des acteurs, des publics et des experts dans des projets co-construits (la dimension transversale).